Les conditions d’étouffement ont en général lieu lorsqu’il y a un changement abrupt dans le comportement de la foule. Lors d’évacuation, les gens ont tendance à avoir la même direction et vitesse que leurs voisins proches. Ceci permet d’estimer une direction et vélocité globale de cette foule, ce que J. Harding appelle un état rangé (« ordered state » en anglais). Cependant, si les gens rencontrent à un moment un obstacle (porte à franchir, colonne, escaliers etc.), ils changeront leurs direction et vitesse, ce qui créé un état désordonné (« disordered state »).
De nombreux modèles existent concernant l’évacuation d’un immeuble ou d’un espace clos. Le comportement de la foule, mais aussi l’environnement et l’aspect physique sont les critères pris en compte pour ces modèles. Il manque cependant à ces simulations un critère qui est très important : le risque que des forces dangereuses se construisent au sein de la foule (i.e. le risque d’oppression physique), ce qui est souvent une cause de mort lors des évacuations.
Dans les gratte-ciels (ou autres bâtiments hauts), il est assumé que l’évacuation se fera en différentes étapes, les personnes respectant l’ordre dans laquelle celle-ci a lieu (la taille des escaliers et le temps d’évacuation est estimé en supposant que les personnes respectent ces étapes). Si celles-ci ne respectent pas les ordres, il n’y aura donc pas assez de place ni de temps pour faire descendre tout le monde.
Les personnes peuvent bouger à leur convenance si elles ont un espace minimum d’1.12m² (par personne). Les personnes qui endurent une force continue de 400 Newtons pendant 30 minutes se sentiront mal à l’aise. En moyenne, une personne peut supporter une force de 600N pendant maximum 40 minutes. L’asphyxie peut ne prendre que 15 secondes avec une force beaucoup plus haute (6227N).
Il est important de noter que les enfants et femmes (ou autres personnes de constitutions fragiles) sont en général les premiers décès dans une foule.
Il y a 4 facteurs causant le risque de mort par asphyxie lors d’une évacuation :
Spatial
Les conditions d’oppression physique sont lorsqu’un individu a moins de 0.46m² d’espace disponible (ceci est considéré aussi comme le niveau F par Fruin). Dès que cette limite est atteinte, il devient difficile de respirer, la température ambiante augmente, la foule devient inquiète ou anxieuse, et il y a alors un risque de malaises et de décès plus grand. L’OMI (Organisation Maritime Internationale) estime qu’une évacuation est dangereuse si pendant 10% du temps, les personnes ont moins de 0.25m² par tête.
Temporel
Il existe deux métriques, RSET et ASET (temps d’évacuation sans risque disponible/nécessaire), qui permettent d’estimer le temps qu’une évacuation devrait prendre, ainsi que si les personnes sont capables d’évacuer sous conditions particulières.
Perceptif et cognitif
Selon le niveau du risque perçu par la foule, le processus décisionnel des individus varie. Les facteurs cognitifs et perceptifs sont enchevêtrés comme la réaction de la foule dépend entièrement du danger distingué. Le comportement de ces individus peut être très varié : d’un comportement totalement altruiste à un très agressif ou égoïste, sans respect pour leurs voisins. Par ailleurs, la perception de l’information est très importante. Lors d’urgence, les informations circulent plus lentement, les personnes à l’arrière de la foule ne sont pas toujours au courant des problèmes encourus par ceux à l’avant. C’est ainsi que lors de la catastrophe de Hillsborough (Sheffield, Angleterre) en 1989, les personnes ont continué à pousser pour rentrer dans le stade alors que les supporters se trouvant à l’avant se retrouvaient écrasés contre les barrières car il n’y avait plus de place. 95 personnes sont décédées, en général par asphyxie, et 750 autres ont été blessées dû au manque d’information entre l’avant et l’arrière de la foule à cet événement.
De procédure
Les gens ne respectent pas toujours les instructions données par les équipes de sécurité, surtout si elles ont l’impression que leurs vies sont en jeu. Par ailleurs, les personnes ont tendance à vouloir sortir par le même endroit que celui où s sont entrés (même porte). Lors de l’incendie de la boîte de nuit de Rhode Island Station (Etats-Unis) en 2003, il y a eu plus de 100 décès car les personnes ont toutes essayées de sortir par l’entrée principale, alors qu’il existait de nombreuses autres sorties de secours non utilisées.
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